Carl à 2 ans ;
Orphelinat Moldu dans Londres,

Elle était si petite et regardait la vieille femme avec ses grands yeux clairs, serrant contre elle cette peluche en forme de lapin rose qu'elle refusait de quitter depuis que Nana l'avait trouvée, quelques heures plus tôt, devant la porte de son orphelinat. Elle ne parlait pas, ne pleurait pas non plus, se contentant de caresser, encore et encore, cette peluche qui semblait être son seul et unique trésor. Et qui le resterait bien des années encore. La petite avait dans la poche de son manteau une enveloppe dans laquelle une femme expliquait qu'elle ne pouvait pas garder sa petite fille. Des problèmes de familles insolubles. La femme expliquait dans un style et une orthographe des plus approximatifs, qu'elle était encore bien trop jeune pour être mère. Que le père de la petite Charlotte et lui avaient tenté de s'en occuper. Mais ils étaient sans travail et ne se sentaient pas même plus capables d'aimer cette enfant qui le méritait tant. Elle terminait en demandant à Nana de bien vouloir trouver à cette enfant une famille qui saurait lui offrir la chance de vivre une vie meilleure que celle qu'ils auraient pu lui bâtir.

La vieille femme avait fait ce que la loi lui ordonnait et avait prévenu les autorités et services sociaux. Ceux-ci étaient venus la récupérer mais ils avaient été incapables de l'arracher aux jupes de cette femme à laquelle Carl, même si elle n'était pas plus haute qu'une pomme, s'était agrippée de toutes ses forces. Elle qui s'était montrée jusque là si sage et si paisible était devenue infernale, hurlant à en percer les tympans, pleurant à vous en soulever le cœur. Force avait fini par être faites aux représentants de l'autorité de renoncer et Carl fut donc confiée aux bons soins de Nana et de son orphelinat. Elle y demeurerait encore de longues, très longues années... Mais ces si longues années seraient les plus gaies et les plus heureuses de son existence.


Carl à 9 ans,
Maison des O'Brien,

Elle affichait sa mine la plus boudeuse. Cela faisait maintenant près d'un an qu'elle vivait enfermée dans ce petit palais, auprès de ce couple d'hypocrites pervers qui avaient véritablement fait des pieds et des mains pour en faire leur enfant. Visiblement ces gens là avaient un grave souci avec les enfants ! Carl, qui avait définitivement opté pour ce prénom plutôt que pour celui de sa naissance soit Charlotte, n'était pas la première à bénéficier de ce que les services sociaux nommaient si pompeusement largesses et qu'elle ne se gênait pas pour nommer cadeaux empoisonnés ! Oh non l'adolescente n'était pas dupe ! Avant elle il y avait eu pas moins de trois enfants et, après elle, il en avaient encore récupéré un. La différence entre tous ces enfants et elle ? Facile : son sexe. Hormis elle Lady O'Brien n'avait jamais jeté son dévolu que sur des mâles et Carl n'avait pas tardé à comprendre pourquoi ! Lorsqu'elle était rentrée un peu plus tôt de l'école, elle avait entendu son petit frère sangloter. Bien qu'elle ne soit pas du genre sentimental elle avait été le trouver et, lui, lui avait tout raconté.

La colère qui la saisit alors fut mémorable. Et les meubles de la demeure O'Brien doivent encore s'en souvenir d'ailleurs ! Carl avait enfermé le petit garçon dans sa chambre, lui intimant fermement l'ordre de préparer son sac. Elle n'en avait pas pour longtemps, elle le lui avait promis. Et quand elle reviendrait, lui et elle partiraient. Et c'est ce qu'ils avaient fait après qu'elle soit allée expliquer sa façon de penser à sa mère adoptive. Seulement ils n'allèrent pas loin, la grosse dégueulasse ayant eu vite fait de les faire retrouver par la police. Ce fut la première fois que Carl fut arrêtée. Elle était accusée de rien de moins que d'enlèvement ! Elle avait tenté de se défendre, de dire la vérité mais personne ne l'avait cru. Elle était une enfant menteuse et fugueuse et Lady O'Brien, elle, était une Lady. Carl fut envoyée deux dans un hôpital psychiatrique. Quand elle en ressortit, Carl était brisée. Et elle ne se remettrait jamais vraiment. Non, jamais.


Carl à 11 ans,
Poudlard,

La délivrance de son enfer ce fut cette lettre étrange qui lui parvint elle ne savait pas même comment et qui lui annonçait qu'elle était admise au pensionnat pour sorciers de Poudlard. Cela faisait quelques mois qu'elle était sortie de l'enfer de l'asile et tentait de survivre à ce qu'était devenue sa vie chez les O'Brien. La mère lui faisait payer, et des plus chèrement, sa rébellion. Rien ne lui était épargné. Pourtant, et contre toute attentes, la femme accepta de laisser la petite partir là-bas, payant même tous ses frais de scolarité et lui allouant une confortable rente. De quoi acheter son silence en somme. Carl ne demanda pas son reste et fit prestement ses bagages. Une nouvelle vie commençait pour elle.

Les choses ne furent pas toujours évidentes pour la petite fille qui fut envoyée, à la surprise générale, dans la maison du Serptent. Au milieu des consanguins de sang pur. Autrement dit, ce fut plus souvent sa fête ! Mais Carl avait appris à se défendre et elle endura sans même broncher les brimades et autres moqueries dont elle fut victime. Elle avait seize ans et était en sixième année quand la guerre éclata. Sentant le vent du boulet sur sa nuque la jeune fille prit ses cliques et ses claques aussitôt la bataille finie et s'en retourna se perdre dans le monde Moldu. Elle n'avait aucun diplôme en poche, fort peu d'argent et pour seul trésor une très vieille peluche et une baguette magique. La vie continuait à être dure. Très dure même !


Carl aujourd'hui,
Londres,

Elle avait survécu. Au mauvais temps, au nuits passées dehors, à la faim et à la pauvreté extrême. Carl était une force de la nature et la façon dont elle finit par se faire prendre sous l'aile d'un vieil homme ne regarde qu'elle. Non, elle n'eut pas à se servir de ses charmes l'homme voyant en elle comme sa fille morte des années plus tôt. L'homme était un homme d'affaires important et il était riche. Il voulait offrir le monde à celle qui, pourtant, n'en voulait pas. Tout ce que Carl voulait c'était  s'occuper de ces voitures qu'elle avait découvert et pour lesquelles elle s'était immédiatement passionnée. Elle ne voulait pas reprendre ses études ! Elle ne voulait pas jouer les petites princesses en porcelaine avec des jolies robes et des talons de douze centimètres de haut ! Non, ce qu'elle voulait c'était apprendre la mécanique ! Ca, ou rien, les choses étaient claires !

L'homme finit par lui céder et même Lady O'Brien aida à financer les choses. Aujourd'hui Carl possède une véritable petite écurie dont, évidemment, elle fait le plus mauvais des usages. Elle délaisse très vite les circuits pour se lancer dans les courses sauvages qui lui valent quelques amitiés et encore plus d'ennuis. De ces virées la jeune fille nouera une amitié solide avec Jashuem Stafford, un petit lord plutôt amusant avec qui elle s'entend bien malgré leurs nombreuses prises de bec. Et ce fut par son intermédiaire à lui qu'elle rencontra cet avocat à qui elle doit d'être encore dehors et non derrière les barreaux d'une prison ! Son nom à ce baveux en costard qu'elle adore vanner ? Raphael Norrington. Jashuem, Raphael, sont ce qu'il convient d'appeler ses seuls amis. Et hormis eux, il n'y a guère que son mentor et cette bonne vieille Nana que Carl respecte et aime. Nana... Cela fait bien longtemps qu'elle ne l'a pas vue. Peut-être serait-il temps de lui rendre une petite visite. Elles doivent parler. Carl doit lui parler. De quoi ? Et si vous vous mêliez de vos affaires ?

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