Douce mais mieux vaut ne pas lui marcher sur les pieds -  Diplomate mais mieux vaut ne pas lui déclarer trop ouvertement la guerre – Calme comme l'eau qui dort – Artiste qui aime à s'évader et à rêver – Altruiste mais pas pour autant bonne poire – Juste tant qu'elle parvient à demeurer objective – Sentimentale mais sait bien le cacher – Utopiste et, si, cela existe encore – Intelligente et érudite mais aime souvent à passer pour une bécasse – Réservée et timide même si elle essaye de se soigner – Romantique... il paraît – Loyale et c'est bien là son lus gros défaut – Fidèle, finalement c'est ça son plus gros défaut – Obstinée et plus bornée qu'une armada de mules enragées -

Il n'y a rien à dire sur cette enfance, plus que privilégiée qui fut la mienne... Je suis la fille unique d'un clan sorcier au sang pur et fortuné qui ne connut jamais le moindre remous dans toute si longue histoire. Mon père, tout comme son père et son grand père avant lui, s'illustra dans la politique où il devint rapidement une figure importante. Aujourd'hui il travaille au Ministère à la sous direction de la coopération magique internationale. Ma mère ? Elle est, comme bien des femmes de son rang et de son statut, femme au foyer. Autrement dit la plus ravissante des oisives mondaines... Il paraît que c'est ainsi que je finirais, moi aussi... Quel programme ! Je ne désobéirais jamais à ma famille, ne les blesserai ni ne les décevrai en rien mais, souvent, il m'arrive de penser qu'il serait peut-être temps pour eux d'évoluer ! Les traditions sont des choses que je respecte mais pourquoi faut-il qu'elles en deviennent aliénations ? Je ne comprends pas...

Mais je m'égare... Mon enfance donc... Il n'y a donc rien à en dire. Surprotégée, aimée et choyée dans ces manoirs qui sont les nôtres, je passais mes plus tendres années à voyager au gré des affectations de mon père. La France, l'Italie, la Russie et les autres continents... Avant même que d'intégrer Poudlard et son pensionnat j'avais déjà fait plusieurs fois le tour du monde. Ce qui fit de moi... quoi au juste ? Une petite prodige des langues vivantes... Une fille aussi enfermée dans une bulle des plus dorées -en diamant même ! - qui ignorait tout de la façon dont les autres pouvaient vivre autour d'elle. Pour moi tout était si simple ! Ce que je voulais je l'obtenais sans même avoir jamais eu à seulement le demander, mes désirs étant des ordres pour mes parents aussi bien que pour cette armada d'elfes de maison qui s'empressaient autour de moi au point presque de m'étouffer. Pourtant je ne m'en offusquais pas, ne me rebellais pas non plus. J'étais bien, alanguie dans cette ignorance qui me coûterait pourtant bien cher par la suite.

Poudlard... Non, il n'y a rien à en dire. Je n'ai jamais compris pourquoi je fus envoyée dans cette maison qui me ressemblait si peu : celle des lions de Gryffondor. Moi une lionne courageuse ? Que voilà uen drôle d'idée ! Ma mère, tout comme mon père d'ailleurs, me voyait plus comme une douce et innocente colombe ! Moi ? J'avoue ne pas trop savoir... Peut-être suis-je un subtil et pour l'instant bien informe mélange de terre glaise que la vie n'a pas encore modelé. Les gens me trouvent souvent trop douce, trop gentille et trop naïve... Je ne peux les en blâmer car en un sens c'est bien ce que je suis. Mais ils se leurrent eux-mêmes en pensant que je ne suis que cela. Je suis artiste -je ne vous l'avais pas dit ? - et j'aime à me voir comme l'une de ces sculptures sur lesquelles je peux m'échigner des nuits et des journées entières, retouchant et remodelant une ligne ou une courbe qui ne me satisfait pas. Ma vie est à cette image... Incertaine, se formant au gré de ces aléas et de ces quelques bonheurs qui jalonnent mon existence. Ce que j'étais hier je ne le suis déjà plus et, ce que je serai demain, je l'ignore. Tout ce que je sais c'est qu'il faut toujours se méfier de l'eau si paisible qu'elle semble dormir. Je ne suis pas une colombe et, oui, il y en a moi une lionne qui ne demande qu'à rugir. Pas à mordre cependant, cela ne me ressemble pas. Je ne suis pas violente et mes parents m'ont toujours enseigné le respect de toute vie. Peut-être ont-ils eu tort cependant... Mes parents, aussi fort puis-je les aimer, n'en demeurent pas moins humains et, par là même, plus que faillibles ! Je suis bien placée pour le savoir d'ailleurs...

Ils m'ont fiancée. Cela devait bien finir par se produire je suppose. On ne choisit pas l'homme que l'on épouse, on l'accepte. Quel qu'il soit et quoi qu'il soit... C'est bien beau sur le papier mais, dans la réalité, c'est une toute autre paire de manches ! Moi, fiancée ? Je soupire... Je n'ai rien contre le mariage, aussi arrangé soit-il... Mais je n'ai rien pour non plus je l'admets. Quand mes parents, si fiers et heureux, sont venus m'annoncer la nouvelle, je rentrais tout juste d'un voyage au Japon où j'étais allée chercher l'inspiration parmi les fleurs des cerisiers. J'avoue ne pas avoir su me montrer aussi démonstrative et joyeuse qu'ils l'auraient espéré mais... j'avais les meilleures raisons du monde de ne pas l'être. Ma liberté, ma vie d'artiste qui ne doit rendre de compte qu'à ses parents sans jamais avoir à se soucier de qui que ce soit d'autre me convenait parfaitement... Et l'idée de devoir devenir non pas une femme mais la femme de quelqu'un... L'idée de me fondre et de me soumettre à un joug qui me paraissait déjà bien lourd... Non, cela ne m'enchantait guère. Mais ce ne fut rien en comparaison du choc que je reçus en découvrant l'identité de celui qui n'était pas mon promis, non bien sur que non, mais à qui j'étais promise. Comme si j'étais une sucette...

Pourtant je ne dis rien. Cela n'aurait servi à rien et, qui plus était, sur tous les partis qui auraient pu plaire à mes parents celui de Kiriel Rookwood n'était certes pas le pire... Enfin, si l'on veut ! Kiriel Rookwood... Un sourire, très vite suivi d'une grimace cependant, vint étirer mes lèvres lorsque j'entendis mon père prononcer ce nom que, contrairement à ce que je feinds alors, ne m'était pas totalement inconnu. Et un flot de souvenirs me revinrent en mémoire. Rome et ses musées, la chaleur d'une nuit d'été pas tout à fait comme les autres. C'était quand déjà ? Je venais d'avoir dix sept ans... Et j'avais obtenu mes ASPIC haut la main si bien que mon père m'avait alloué une rente confortable pour retourner en Italie me délecter de ces œuvres d'art que je chérissais tant. S'il avait seulement pu savoir à quel point sa générosité m'avait perdue. Ou trouvée j'avoue demeurer perplexe sur ce sujet là... Peu importe même ce qui a bien pu se passer là-bas et que j'aurais la pudeur de taire. J'étais partie enfant je revins femme même si nous ne sommes que deux à le savoir. Et c'est bien mieux ainsi. Mais, là-bas, le voile de mon innocence avait été déchiré -on se passera de commentaires je vous prie- et la réalité du monde, sa laideur surtout commença cruellement à m'apparaître. Les apparences, les gens, sont bien souvent différents de ce qu'ils paraissent. Et je l'appris à mes dépends. J'ignorais juste que le fichu destin remettrait sur ma route Kiriel !

Nous voilà donc fiancés lui et moi... Et je dois me réjouir ? Entre lui et moi les choses ne sont, encore une fois, pas ce qu'elles semblent être. Il n'est qu'un rat, un homme volage qui se fiche de me blesser en me trompant quand et avec qui cela lui chante. Il ne m'a pas choisie, désirée et ce mariage lui a été imposé aussi sûrement qu'il me l'a été … En un sens je ne peux, hélas, que le comprendre et, ce que je peux me détester pour cela, lui pardonner ses écarts. Si le hasard m'avait faite homme et que je me retrouvais dans sa position sans doutes aurais-je pu, moi aussi, agir ainsi. Non ? Peut-être pas, non... Je ne suis pas méchante, enfin pas que je sache, et je n'aime pas blesser les gens. Alors me voilà... Fiancée à un homme qui aime a se perdre dans tant de bras que je ne sais si cela m'exaspère ou me blesse... Sans doutes un peu des deux je pense... Un homme devant qui je cède et ploie parce que je n'ai pas le choix. Et, mais cela je le nierais toujous, aussi parce que je ne peux m'empêcher de l'apprécier plus que ma raison ne me le dicte. L'amour ? Possible en effet... Mais que sais-je de l'amour moi après tout ? De ce goût sucré sur mes lèvres, de ce parfum sulfureux sur ma peau qui me restent d'un lointain voyage... Je suis une artiste et, de l'amour, je n'en ai jamais connu que la plus brouillonne des esquisses. Et, si c'est lui que je dois épouser... Non, si c'est lui que je me dois -veux?- aimer... Alors je suppose qu'il me faudra me battre... Le mariage est acquis, lui, certainement pas. La colombe en moi se désespère... La lionne, elle, rugit... Et si... Et si mon si cher fiancé volage, ce rat de première, était tout ce qu'il me falait pour enfin devenir celle que je dois être ? Ses secrets qu'il ma cache, je les ferais miens. Et lui... Nous verrons bien... Non ?

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