Vaniteuse - Travailleuse - Patiente - Rancunière - Indépendante - Trop franche - Séductrice - Enjôleuse - Pragmatique - Tatillonne - Loyale - Mondaine - Sociable - Altruiste - Drôle - Susceptible - Un brin déjantée -

Ses prunelles limpides étaient comme emplies d'éclairs alors qu'elle regardait cet homme qui se tenait devant elle, l'air si parfaitement serein, alors qu'il lui annonçait qu'elle devait préparer ses affaires. Ils quittaient Moscou demain et rejoignaient Londres où ils s'installeraient définitivement... Parce que ses affaires l'exigeaient... Parce que leurs vies étaient dorénavant là-bas... Leurs vies ou la sienne ? Cyrielle fulminait, son pinceau toujours en main, bien incapable de fermer sa bouche grande ouverte et d'où ne sortait pas le moindre mot ni même son. Ce qui était sans doutes mieux car, au moment où les informations eurent atteint son cerveau, elle laissa s'exprimer sa colère. Ce fut le pinceau qui fut la première victime de son ire, lorsqu'il se brisa entre ses doigts. Puis, ce fut le tour de sa toile qu'elle balança au sol. Et, enfin, vint le tour de ces pots de peintures qu'elle envoya valdinguer... Ou plutôt le tour de son père vu que ce fut sur lui qu'elle les lança ! Sans oublier, bien évidemment, de lui dire le fond, tréfonds même, de sa pensée ! Elle le trouvait égoïste, égocentrique, narcissique, opportuniste, dévoré par l'ambition et injuste... Tout cela, Jeremiah Nemirowsky l'avait écouté les bras croisés sur son pull désormais maculé de peinture et en levant les yeux au ciel. Par Merlin il adorait sa fille aussi ingérable et insupportable soit-elle... Mais il admettait falloir bien des efforts pour ne pas lui en coller une bonne dans sa tête de petit angelot ! Cyrielle ne l'aurait sans doutes pas volée mais, et la jeune fille ne le savait que trop bien, il ne toucherait jamais à un seul de ses cheveux ! Jeremiah se sentait coupable... Depuis le jour où sa femme les avait abandonnés, leur fille et lui, parce qu'elle ne supportait plus de passer en dernier dans la vie de l'homme qu'elle avait pourtant sincerement aimé, depuis ce jour où l'enfant n'avait guère plus de quatre ans, il lui passait tout. Absolument tout... Et, oui, il lui passerait aussi cette énième crise de nerfs qui laisserait cet atelier qu'il avait fait installer juste pour elle, dévasté ! Elle était sa princesse, sa reine, son trésor... Et elle abusait, constamment, de cet amour et de cette bonté paternels. Une fois de plus elle le tança de son regard devenu pour le coup bien sombre et, non sans avoir envoyé valser un dernier pot de peinture, elle s'en alla, laissant derrière elle un père décontenancé et désespéré. Elle ne se calmerait donc jamais ? La réponse ? Non. Jamais Cyrielle ne se calmait... Jamais...

Une fois arrivés à Londres, la petite demoiselle rejoint Poudlard où un chapeau plus que débile décida de l'envoyer dans la maison du blaireau... Cela commençait fort ! Cyrielle, pourtant, tenta réellement de faire contre mauvaise fortune bon cœur. Et elle y parvint presque. Foncièrement bonne, bien que très prompte à monter en pression quand on l'agaçait, elle se révéla être une bonne élève. Assidue, travailleuse et plutôt douée, elle adorait toutes les matières où la pratique était mise à l'honneur. Et encore plus celle qui lui enseignait comment combattre les forces du mal. Après tout c'était le cours où son illustre père, maintenant à la tête du Département de la Coopération de elle ne savait plus quoi et elle s'en foutait royalement, s'était illustré, non ? Elle ferait mieux que lui. Juste pour lui casser ses grands petons ! Oh oui ! Cyrielle détestait son père et tout ce qu'elle pouvait faire pour lui taper sur le système, elle n'hésitait jamais à le faire. Elle avait treize ans et venait à peine d'intégrer ce pensionnat sinistre mais sa vie à elle c'était en dehors de ces murs froids et poussiéreux qu'elle la vivait pleinement. Cyrielle avait une passion, une seule. Hormis les garçons, vous savez ces jolies petites bestioles baveuses qu'elle s'amusait à faire se languir d'un battement de cils étudié. Elle collectionnait les flirts comme d'autres collectionnait les cartes de chocgrenouille. Chacun ses jeux, non ? Mais, quand elle se retrouvait devant sa toile, là, elle s'apaisait. La peinture... Son jardin secret, son plaisir, sa passion, sa vie même... Son moyen à elle de s'évader.

Ce fut cette même passion qui lui fit rencontrer celui pour qui elle développa un bien étrange béguin d'adolescente avant qu'il ne devienne bien plus. Non, pas dans ce sens là bande de pervers ! Alexandre de Habsbourg sortait avec son abrutie de cousine, la petite poupée prénommée Samara. Ce que cette femme pouvait l'agacer ! Toujours avec ses grands airs , toujours en train de donner son avis sur tout et en train de mener son petit monde à la baguette ! Tête de bécasse ! Cyrielle ne se gênait jamais pour la remettre à sa place d'ailleurs ! Même si cela lui valait toujours les pires des remontrances de son père qui, lui, adorait sa nièce... Comme quoi son père avait vraiment des goûts... de merde ! Mais Cyrielle avait au moins pu rencontrer celui qui, à ses yeux, était l'un des plus grands artistes de tous les temps. Et si elle avait longtemps piqué un fard devant lui elle avait surtout énormément appris. Ils aimaient la peinture tous les deux... Non, ils avaient besoin de cet art pour s'exprimer ce qui était plus fort encore ! Et Alexandre, allez savoir pourquoi -du moment que ce n'était pas de la pitié sinon elle lui aurait refait son sourire ! - l'avait prise sous son aile et elle était devenue comme son élève. Ce qui ne signifiait en rien qu'ils ne se disputent pas mais, Cyrielle, trouvait cela plutôt chouette. Après tout elle n'avait pas de frère et, lui, pas de sœur... Non parce que celle qu'il présentait presque comme sa sœur... Cyrielle se garderiat bien de dire ce qu'elle en pensait. Elle était peut-être une ado mais elle n'en était pas pour autant stupide et aveugle ! Qui avait prétendu que les adultes étaient plus matures déjà ? Pauvre idiot que celui là !

D'ailleurs, en parlant d'idiot d'adulte ! Elle avait maintenant seize ans et se sentait prête à égorger son ange de père. Parce que, oui, cela faisait deux ans que son père avait obtenu ses ailes. Et elle y avait assisté à cette sorte de chose étrange pendant laquelle l'ange était venu proposer le plus étranges des pactes à son père. De toutes façons, tout ange qu'il était ce machin, il devait avoir un sacré grelot dans le ciboulot pour roposer des ailes à son père ! Non mais sérieux ! Jeremiah Nemirowsky ? Un ange ? Si cela ne l'avait pas effrayée autant elle eut pu en rire ! Mais, non, cela avait été plutôt douloureux et la jeune fille avait veillé sur son père, l'aidant à endurer et à encaisser cela. C'était leur secret, celui qu'elle ne devait dévoiler à personne. Comme si on aurait pu la croire de toutes façons ! Et comme si cela l'intéressait seulement d'ailleurs ! Est-ce que cela l'avait rapprochée de son père ? Bien sur que non ! Depuis qu'il avait pris ses fonctions au ministère et avait reçu ses foutues ailes c'est à peine si elle le voyait ! Ah si ! Pardon... Elle l'avait vu le soir où elle lui avait envoyé la soupière à la tête ! Quand il lui avait dit lui avoir trouvé un fiancé... Là, son sang n'avait fait qu'un tour et les objets avaient une fois de plus valsés ! Un fiancé ? Non et puis quoi encore ! De toutes façons les garçons elle s'en fichait ! Enfin presque... Il y en avait un qui l'agaçait ! Un vieux, Morpion de toute première classe qu'elle avait rencontrée lors de l'une de ces barbantes soirées au Ministère où son père l'avait traînée par la peau de ses jolies petites fesses... Il ne lui avait certainement pas donné son âge vu tout le cirque sirupeux qu'il lui avait sorti... Et, elle, elel s'était laissée faire. Cyrielle ou comment devenir une femme sur le coin du bureau de son père avec un Morpion qui l'appelle son Bonbon... Magnifique, non ?

Et, encore vous n'avez rien vu ! Cela ne fait que commencer !

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Un dernier mot : Nigel ? T'es mort