Enjouée - Déterminée - Très professionnelle - Utopiste - Hippie - Contestataire - Anticonformiste - Libre - Sentimentale - Altruiste - Rusée - Fidèle - Bornée - Un brin obsessionnelle - Pragmatique - Pas aussi folle qu'elle en a l'air - Libertaire -

Il me semblait que cela faisait des heures et des heures que ce collègue, non plus exactement ce supérieur hiérarchique comme il ne cessait de me le rappeler en insistant lourdement sur ces deux mots, était venu me trouver dans mon bureau à Ste Mangouste. La raison en était aisément compréhensible et il n'eut pas même besoin d'ouvrir sa grande bouche aux lèvres beaucoup trop minces pour que je comprenne de quoi il retournait. Mes méthodes de travail. Bien que mes résultats soient excellents, pour ne pas dire tout bonnement exceptionnels, je ne faisais certainement pas l'unanimité au sein de ce corps médical aussi archaïque que guindé. A leurs yeux j'étais un élément aussi perturbateur que dangereux et, un jour prochain, j'aurais sans doutes à répondre devant la justice de mes crimes. Mes prunelles ne quittaient pas la silhouette enveloppée de cet homme à la mine aussi grise que fermée qui m'assénaient toutes ces recommandations, pour ne pas dire ces injonctions, qu'il serait plus prudent que je suive si je ne voulais pas, tout bonnement, perdre le droit d'exercer. Ils entendaient me faire rayer de l'ordre des médicomages ? Qu'ils essayent seulement ! Je suis peut-être d'un tempérament non violent mais je ne m'en laisse pas pour autant compter ! Et quand bien même ces vieux ronds de cuir auraient-ils raison de ma carrière au sein des sorciers il me resterait toujours la possibilité d'exercer chez ces moldus que, bien loin de mépriser, j'aimais à fréquenter, côtoyer et, encore plus, soigner. J'avais fait des études de médecine pour cela, non ? Soigner, accompagner et, si possible, guérir ! Quant aux moyens utilisés pour y parvenir, cela ne regardait, selon moi, que ma personne et mes patients, non ? Et, si j'en croyais ces derniers, ils appréciaient plutôt !

Pourtant, et parce que je ne voulais pas vraiment perdre mon poste au sein de l'établissement sorcier, je fis mine de promettre, sans pour autant le dire clairement, de respecter la déontologie de notre métier. Après tout ce n'était pas vraiment un mensonge puisque, en effet, j'y resterai fidèle. La petite précision que j'omis sciemment de dire était que la seule éthique à laquelle je me tiendrais était la mienne ! Celle que me fit découvrir, il y avait des années et alors que j'étais enfant et vivais encore en Californie, ma grand mère. Celle-ci était une sorcière appartenant à une longue lignée de sorciers au sang pur. Ses parents avaient toujours été versés dans la magie noire. Mais pas elle. Elle ne jurait que par cette magie, ce trésor, que seule la nature possédait à ses yeux. Si nos baguettes pouvaient accomplir des miracles cela était bien peu en comparaison de ce que les plantes, les minerais et tout ce qui nous entoure et que nous ne voyons jamais, pouvaient accomplir ! Les sortilèges blessaient bien plus encore qu'ils ne soignaient. Et lorsque la magie ne suffisait à l'évidence plus, alors ses remèdes à elle prenaient parfaitement le relais. Auprès des Moldus mon aïeule passait pour être une rebouteuse, une magnétiseuse, une naturopathe et j'en passe... Lorsque les médecines traditionnelles échouaient alors les gens venaient la voir, elle. Pour soulager leurs maux et douleurs, pour leur donner de cet espoir qu'ils n'avaient plus. Pour guérir aussi. Elle pensait que l'esprit et le corps ne faisaient qu'un. Et il fallait soigner les deux, les équilibrer pour parvenir à une harmonie parfaite. Alors, et alors seulement, on pouvait être fier de soi. Maintenant que j'y songe je suis persuadée que c'est d'elle que je tiens mon caractère et, encore plus d'être devenue ce que je suis aujourd'hui. Une psychiatre peu orthodoxe, usant de drogues légales -enfin pour la plupart- mais naturelles pour, non pas assommer mes patients et faire d'eux des zombies incapables de bouger ou de parler. Non... ce que je souhaite c'est les aider à faire s'effondrer ces digues, ces fortifications qu'ils ont eux-même érigées dans leurs esprits pour mieux protéger leurs peurs, espoirs, désirs ou réelles folies. Les drogues ne sont pas des fins en soi mais plus des chemins pour que chacun de mes patients parviennent à trouver sa propre vérité.

Alors, oui, je sais que bon nombre de gens se méfient de moi. Mais contrairement à ce que prétend la rumeur publique si bien intentionnée, ce n'est pas pour de sombres histoires de patients ayant succombé à des overdoses. Aucun patient ! Je n'ai jamais perdu aucun patient et cela ne sera pas demain la veille ! Non, si j'ai quitté Los Angeles il y a de cela quelques mois, neuf très précisément, c'est pour une toute autre raison. Ma famille... Non pas mes parents, qui eux coulent une paisible retraite dans leur si luxueuse villa sur les hauteurs de Beverly Hills. Même si, il faut bien l'avouer, cela fait bien plus longtemps que je ne leur ai parlé... Dix ans ? Onze en fait. Dès ma majorité atteinte je suis partie. Parce que je ne supportais ni ne partageais leurs engagements auprès des mages noirs... Parce qu'ils ne comprenaient pas mon détachement face à ce qu'ils nommaient, de façon si pompeuse leur vocation... Pour faire simple : mes parents et moi n'étions simplement pas compatibles ! Ils m'ont laissée partir sans même tenter de me retenir. Je ne leur en veux pas, je ne m'attendais pas à moins de leur part. Et, moi, j'ai rejoins ma grand mère. Ce fut à elle qu'ils firent parvenir ces sommes rondelettes qu'ils continuent d'ailleurs de me verser chaque mois. Je n'y touche  que rarement. L'argent ? Cela m'importe peu. Ce que ne comprit jamais cet homme qui partagea ma vie pendant près de six longues années. Un moldu. Mais qui connaissait mon monde et sa magie. Il était à la tête d'une fortune colossale qui lui était tombée sur la tête à la naissance. Et une fortune qu'il comptait bien mettre à mes pieds. Tout comme il entendait me mettre en cage. Déjà il avait vu d'un mauvais œil mon entêtement à vouloir étudier. Et quand je fus finalement diplômée et obtint le droit d'exercer il commença à se montrer irascible et légèrement étouffant. Et lorsque je fus lassée de toutes ces disputes je partis. Sans un mot, sans un regard et sans le moindre regret... Et en oubliant de divorcer.

Aujourd'hui je vis à Londres et, même si les choses ne sont pas vraiment ce que j'espérais, que le soleil de ma Californie me manque souvent, je m'y plais bien. Ici les règles sont strictes et il est vrai que je prends des risques en les outrepassant. Mais qui ne risque rien n'a rien n'est-ce pas ? Et peu importe bien ce qu'il se passera demain, que je puisse continuer à exercer ou pas. Ma vocation est d'aider mon prochain. Et si pour cela je dois leur faire fumer un peu d'herbe ou d'opium, je ne vois pas pourquoi je m'en priverais ! Ma vie, je suis la seule à la gérer et il n'est pas né celui qui parviendra à me mettre en laisse. Enfin ma vie... Mes neufs vies. Comme ces chats que j'adore et qui retombent si souvent sur leurs pattes. En parlant de vie... je regarde mon planning et sourit. Aujourd'hui je dois recevoir un nouveau patient. Je ne sais pour ainsi dire rien de lui. Le plus ironique ? Lui non plus. Il est amnésique. Intéressant... Pourtant, alors que je m'apprête à le recevoir je n'imagine même pas une seule seconde à quel point ce rendez-vous chamboulera mon existence. Alors, oui, heureusement que je possède neuf vies ! Enfin huit, j'en ai déjà laissé une à Los Angeles...

Pseudo : Devinez
Âge : Mystère et boule de gomme
Comment avez vous connu le forum : J'y étais avant même qu'il existe
Un dernier mot : Ca plane pour moi