לך לעזאזל לראות אותך! אני לא צריך אותך! אני לא צריך אף אחד ... אדם ...

Ce que venait de dire la petite tornade blonde qui venait de sortir en trombes de la salle de cours de métamorphoses ? Mieux vaut ne pas le traduire car il serait étonnant que le principal concerné, voir même incriminé, n'aurait certainement pas apprécié. Eden repoussa d'un geste brusque un couple d'élèves qui se mettait en travers de son chemin et s'en alla, les poings serrés et la mine plus boudeuse que jamais. Retournant dans son dortoir, elle se jeta sur son lit et enfonçant sa tête dans l'un de ses si moelleux oreillers elle hurla. Jusqu'à ce que sa voix se casse et que, épuisée et pourtant toujours aussi furibonde, elle ne s'effondre. Alors qu'elle allait sombrer dans un sommeil, si ce n'est réparateur du moins susceptible de la calmer, la porte de leur dortoir s'ouvrit, laissant apparaître la silhouette de l'une de ses camarades de chambre.

Tu devrais faire gaffe Eden ! On vous a entendu depuis le bout du couloir avec ton prof ! Ca commence à parler miss !

Je ne vois pas du tout de quoi tu parles ! avait maugréé et ronchonné la petite Serdaigle avant d'enfoncer encore un peu plus sa tête dans l'oreiller et de frapper de ses petits poings et de ses pieds sur ce lit qu'elle aimait visiblement bien martyrisé. Puis, émergeant subitement, sa chevelure blonde en pagaille et ses yeux verts parés de mille et un éclairs Il m'a punie ! Il m'a encore punie ! Et, pourquoi hein ? Pour quelles raisons je vais encore me taper deux heures de retenue ?

Certainement pas pour tes résultats, tout le monde sait que tu es la meilleure. Mais... avait souri sa camarade tout en venant s'asseoir sur le rebord du lit de son amie et en plongeant son regard dans le sien Mais peut-être qu'il aime ça, le prof trop sexy, te punir ! Autant que, toi et quoique tu puisses bien dire, tu aimes aller à ses retenues ?

Non mais ça va pas la tête ! T'es timbrée ! T'en connais qui aiment être collés toi ? En tous cas, pas moi ! Je ne suis pas venue en Angleterre pour me faire aligner à chaque cours d'enchantements ! Merde ! avait ronchonné Eden tout en se retournant et en s'allongeant sur le dos, son regard fixé au plafond.

Franchement, passer quelques heures en tête à tête seule avec Monsieur beau cul et belle gueule je dis pas non moi ! sentant s'abattre sur elle l'oreiller qu'Eden venait de lui envoyer, la jeune fille rit à gorge déployée tout en ajoutant, plus espiègle que jamais Paniques pas miss ! Il a d'yeux que pour toi le beau prof ! On le sait tous ! Même McGo commence à avoir son nez qui tourne quand elle vous voit ensemble. A croire que vous en faites, des vilaines choses, quand vous vous retrouvez seuls en classe ! puis, s'allongeant sur le ventre aux côtés de son amie elle soupira tout en posant sa tête sur ses mains croisées et sans lâcher du regard la petite élève israélienne réfugiée en Angleterre Allez Eden ! Tu peux bien me le dire à moi ! Il y a quelque chose entre vous deux ?

T'es ridicule ! C'est un prof et je suis son élève ! Qu'est-ce que tu vas t'imaginer toi encore ? puis, un petit sourire angélique aux lèvres, le regard légèrement absent, elle murmura d'une voix rêveuse En plus il n'est pas du tout mon genre ! Trop vieux ! Trop... insupportable ! Trop... con !

C'est toi qui es conne ma chérie ! Soit tu me mens et j'en serais terriblement vexée … Soit tu es aveugle et, là, je crois que ce serait encore pire ! Ca crève les yeux qu'il y a quelque chose entre vous ! Fais pas semblant...

Eden ne répondit même pas, faisant signe à son amie de la laisser et lui tournant le dos, son regard errant au-delà de la fenêtre de son dortoir. Elle se sentait soudainement bien fatiguée. La journée avait été longue et, cette dispute, avait fini de l'achever. Pourtant demain elle devait être en forme. Demain était un jour très spécial puisque, demain, elle fêterait ses dix-sept ans.Et, demain, elle serait donc majeure... Ce dont la jeune fille se serait éperdument fichue si cela ne l'avait pas arrangée. Alors qu'elle sombrait, enfin, dans le sommeil, elle murmura, sans même s'en apercevoir, son prénom. Liam


Se faire convoquer dans le bureau de la directrice ne valait, généralement, rien qui vaille. Et, comme tous les autres, Eden n'aimait pas cela. Pourtant, lorsqu'on était venu la chercher en plein pendant son cours d'histoire de la magie, la demoiselle s'était exécutée sans broncher. Elle avait ramassé ses affaires et, sa robe de sorcière flottant autour d'elle à chacun de ses pas légers, la jeune fille avait suivi sans mots dire. Qu'aurait-elle pu dire de toutes façons ? Questionner l'espèce de vieux chat tout rabougri qui la menait, les lèvres pincées et le nez en l'air, jusqu'à ce bureau où elle pénétrait, plus silencieuse que jamais ? Eden relava doucement les yeux et, comme le lui intimait la voix de Minerva McGonagall, entra dans la pièce. La Serdaigle allait demander les raisons de sa convocation quand elle se figea. Il y avait une autre personne de présente avec elles. Le regard de la jeune fille vint s'ancrer à celui de Liam, ses lèvres mimèrent des mots qui n'arrachèrent en tout et pour tout qu'un haussement d'épaules au jeune professeur qui, lui aussi, lui fit signe de venir prendre place à ses côtés. Eden s'exécuta, soupirant et pressentant le pire. Son regard glissa alors sur la silhouette de la directrice qui, elle, ne semblait guère désireuse de la regarder, de les regarder. D'un geste de la main, elle agita sa baguette et fit apparaître un parchemin officiel qu'elle fit voler jusque dans les mains de celle qui en prit immédiatement connaissance. Les yeux de la jeune fille s'écarquillèrent, ses lèvres s'entrouvrirent mais aucun son ne put sortir pendant plusieurs minutes. Lorsque, le choc non pas passé mais du moins encaissé, la jeune fille se leva, les yeux au bords des larmes. Jetant le parchemin sur le bureau, ses mains posées à plat de chaque côté, elle parvint enfin à articuler, d'une voix tremblante

Non ! Ceci est une erreur ! Mes parents n'ont pas pu être tués ! Non ! C'est un mensonge ! Une erreur... N'est-ce pas ? N'est-ce pas... avait-elle répété comme pour mieux se convaincre elle-même et en tournant son visage vers ce professeur qui, pour une fois, ne semblait plus ni moqueur ni distant.

Au fond des yeux du sorcier la Serdaigle y lut la vérité. Si, ses parents étaient bien morts, assassinés par des mages noirs israéliens. Refoulant dans un sanglot et un revers de la main ces larmes qu'elle sentait lui monter aux yeux, la jeune fille s'assit, complètement perdue. Son père, sa mère... Son père était Ministre de la magie en Israel et, conscient que la menace planait de plus en plus au-dessus de sa tête, avait pris la décision de l'éloigner, elle. Leur fille unique, leur seule héritière et descendante. Et c'est ainsi qu'Eden était arrivée en Angleterre il y avait un an et demi maintenant. Elle avait intégré Poudlard et devait y passer ses Aspics en fin d'année avant de retourner chez elle. Mais maintenant... Qu'allait-elle devenir ? Ses parents étaient sa seule famille ! Pas d'oncles, pas de cousins ou de grands parents qui auraient pu prendre soin d'elle... Désormais Eden était seule au monde. Enfin, pas totalement. Alors qu'elle se perdait dans ses pensées elle sentit une main se saisir de la sienne. Levant les yeux elle vit Liam. Il ne lui souriait pas et la jeune fille lui en fut reconnaissante. Mais cette main qu'il serrait dans la sienne, ses doigts qu'ils laissaient se nouer aux siens... Il était là et c'était tout ce qui lui importait. McGonagall se retourna, brisant cet échange bien trop tendre qu'elle aperçut mais feint d'ignorer. Rejoignant son fauteuil elle s'y assit et, après avoir présenté à la jeune fille les condoléances d'usage, aborder quelques points juridiques quant à son héritage et autres formalités à accomplir elle en vint au but

Vous êtes aujourd'hui majeure Eden. Je ne suis donc pas en mesure de vous imposer quoique ce soit mais, aux vues des circonstances, il me paraîtrait avisé de vous adjoindre, au moins le temps de mettre vos affaires au clair, une sorte de tuteur. Un guide si vous préférez ; Quelqu'un vers qui vous pourrez vous retourner si jamais vous en avez besoin. Quelqu'un à qui vous confier aussi...

Je … Je ne comprends pas. Qui... à qui songez vous ?

Moi. Je serai votre tuteur si vous l'acceptez bien sur …

Eden s'était retournée, interloquée, vers celui qui aurait dû être le dernier au monde à lui proposer pareille chose. Liam ? Il voulait vraiment devenir comme un frère, un père de substitution pour elle ? En tous cas, elle, c'était très loin d'être ce qu'elle désirait ! Pourtant, alors que leurs regards se trouvaient une nouvelle fois, la jeune fille s'entendit répondre

J'accepte. Si mon professeur accepte de s'occuper de moi alors je ne vois pas de raison de m'y opposer. Et je l'en remercie. Je vous en remercie tous les deux.

Je m'en doutais... Liam, vous avez ma confiance alors tâchez de ne pas en abuser ! Et, vous, Miss Elbaz, permettez que je vous présente une fois encore mes plus sincères condoléances.

Après encore quelques propos dont Eden ne retint rien, ils quittèrent tous le bureau. Alors que celle-ci s'éloignait, Eden se tourna vers Liam et, sur un ton aussi surpris que contrarié

Toi et moi il faut qu'on parle !

Puis elle le laissa, sachant qu'ils se retrouveraient d'ici quelques heures. Enfin... Ils étaient sensés fêter son anniversaire ensemble. Pas certain qu'elle en ait encore envie cependant.


Ils marchaient côte à côte dans cette grande artère londonienne, aucun mot ne filtrant de leurs lèvres comme scellées par ce deuil qui meurtrissait son cœur à elle et le laissait, lui, pour le moins désemparé. Cette soirée, loin de Poudlard et de son fichu règlement, ils l'avaient attendue. Elle devait être une fête. Celle où elle cesserait, aux yeux d'une loi aveugle, d'être une enfant pour enfin devenir une femme. Libre de ses choix, libre d'aimer aussi. Même de l'aimer lui si telle était sa volonté. Eden l'avait regardé, lui, son enseignant, son ami un peu particulier aussi. Ils se connaissaient depuis près de dix-huit mois mais, dès la première fois où leurs regards s'étaient croisés, quelque chose s'était passé. Quelque chose d'interdit. Il était son enseignant, elle une élève. Cela ne devait pas aller plus loin ! Facile à dire mais, à faire, bien moins. Comment pouvait-on lutter contre des sentiments qu'ils ne s'expliquaient pas même. De l'attirance ? De l'amitié ou tellement plus ? Franchement, elle l'ignorait et, ce soir, n'avait pas même la tête à cela. Pourtant, avant que sa vie ne bascule, Eden se l'était juré. Elle lui parlerait et, la jeune femme en avait fait le souhait, il en ferait tout autant. Pour se dire quoi ? Sans doutes ne le saurait-elle jamais. Ses parents étaient morts et, désormais, plus rien ne lui importait. Pas même cette soirée...

Ils avaient été dîné, dans l'un de ces restaurants où l'addition est inversement proportionnelle à ce que l'on vous sert dans vos assiettes. L'un de ces lieux où tous les amoureux se rendent au moins une fois. Mais, amoureux, ils ne l'étaient pas. N'est-ce pas ? Eden et Liam avaient bien tenté de converser, de plaisanter même. Mais le cœur n'y était pas et l'un comme l'autre faisaient semblant. Elle souriait, remerciait le jeune homme de sa gentillesse et de ses attentions mais tout cela sonnait faux. Au dessert elle avait soupiré et, finalement, ils étaient sortis, marchant sous cette neige qui semblaient n'attendre qu'eux. Autour d'eux les décorations de ce Noël approchant illuminaient les rues et émerveillaient les passants. Mais Eden ne voyait rien, n'entendait même plus ces propos que lui adressait, si doucement, celui qu'elle aurait voulu ne pas voir. Liam... Ils passaient la majorité de leur temps à se disputer, à se quereller même en cours. Et, elle le savait, sa camarade de maison avait raison : leurs comportements ne passaient pas inaperçus. Et, oui, certains commençaient à se poser des questions sur la nature de leur relation qui, cela était évident, dépassait largement le cadre élève-professeur. Pourtant... Ils parlaient, souvent, se retrouvant comme des amants auraient pu le faire une fois la nuit tombée et lorsque le reste de Poudlard était assoupi. Parler, rire, encore se disputer. Rien de plus. Des amants ? Si quelques baisers volés suffisaient à faire d'eux des amants alors, oui, ils l'étaient. Sinon... Non, ils ne l'étaient pas. Peut-être auraient-ils pu l'être, un jour. Mais ils ne le sauraient probablement jamais.

Je... Je suis désolée... Je ne peux pas. Etre là, avec toi... Faire semblant alors que je n'ai pas même mis mes parents en terre. Me comporter comme cette adulte que je ne suis même plus sur de vouloir un jour devenir. On a rien fait mais j'me sens déjà coupable. On arrête tout. Les rencontres près du Lac le soir, les retenues stupides, les conversations jusqu'à l'aube... Ca vaut mieux. Je rentre à Poudlard et, demain, on redevient ce qu'on aurait jamais du cessé d'être :: un prof et son élève. De toutes façons je vais demander mon transfert. Je rentre chez moi, en Israël.

Puis, sans même laisser le temps au jeune homme de répondre la jeune fille s'enfuit. Sans même entendre ce qu'il lui hurla mais que le vent glacé emporta au loin. Cette nuit là Eden tenta de se convaincre qu'elle avait raison, d'avoir enterré ce qui aurait pu se produire, de décider de renoncer avant même que d'avoir essayé. Pourtant, alors qu'elle s'endormait, Eden pleura. Fuir ne servait à rien et elle le savait. Cela ne lui ramènerait non seulement pas ses parents mais, en plus, retourner en Israël... Personne ne l'y attendrait. A Londres non plus ! Vraiment ? Pas si sur...