Né dans une famille médiocre, fils d'une hystérique et d'un pathétique homme, j'étais destiné à m'élever au-delà de la bassesse de mon entourage. Je ne devais pas devenir comme ma mère, cette femme violente et colérique qui passait son temps à battre son mari et à lui hurler dessus, ni comme mon père, cette chiffe molle dépressive et pleurnicharde. Non, j'étais destiné à plus grand, plus fort, plus intense...
Pourtant, ces êtres minables qui m'ont mis au monde sont parvenus à m'apprendre des choses utiles : les femmes sont des êtres supérieurs aux hommes auxquels l'on doit obéissance et soumission et, comme me l'a souvent dit mon père, "il faut connaître sa place et ne pas prétendre à plus haut". Sa place à lui était loin d'être glorieuse...Facteur incompétent, il passait son temps à confondre les adresses et était toujours à deux doigts du renvoi. Ma mère, elle, était la directrice de l'école catholique au sein de laquelle j'ai fait ma scolarité et elle savait imposer son autorité. Pourtant, tout comme mon père, je la méprisais profondément. Elle s'accrochait à ses croyances comme à une bouée de secours, faisant de moi un véritable diablotin. Pour elle, j'étais un enfant infernal, attirant les ennuis et les événements incompréhensibles partout où j'allais. J'étais ce démon que Dieu lui avait envoyé en punition pour avoir épousé mon minable de père...Et, il me faut l'avouer, le statut de petit diable ne m'a jamais déplu. J'ai toujours été fasciné par les choses incroyables qui se déroulaient autour de moi : ces animaux qui comprenaient mes paroles, cette plante qui a poussé en l'espace d'une journée, ce feu qui s'est déclaré le jour où j'ai craqué et hurlé ma colère à ma mère et à mon père...
Je le sentais, j'étais un être exceptionnel, bien loin de leur médiocre existence et de leurs pathétiques aspirations. J'étais meilleur qu'eux, plus fort que ces insectes que j'écrasais volontiers, plus puissant que ces gamins que j'effrayais par ma réputation, mes paroles, voire ma simple présence...J'étais exceptionnel. Et la lettre de Poudlard ne fit que le confirmer, me nommant sorcier. Pour ma mère, ce fut le coup de grâce. Incapable de s'occuper de cet enfant démoniaque que j'étais, elle se sépara de mon père et lui abandonna ma garde. Pas question qu'elle vive aux côtés d'un sorcier ! Médiocre personne...Médiocre pensée...
Ignorant ce père qui tentait maladroitement de nouer des liens avec moi, je me plongeais dans les ouvrages que l'on m'avait acheté, en apprenant plus sur ce monde sorcier et ses coutumes. Mes études poussées à ce sujet me convainquirent bientôt que, au sein de ce monde, c'était moi, l'insecte. C'était moi, l'être inférieur. Si je dominais les moldus qui étaient mes parents, je n'en étais pas moins plus faible que les véritables sorciers, une sorte d'imposteur qui devait s'estimer bien heureux de posséder un peu de pouvoir. Il me fallait demeurer à ma place...et c'est ce que je fis.
Ma ruse me conduisit à Serpentard, ce qui, je l'appris bien vite, était peu courant pour un né-moldu. Lorsque mes aînés me passèrent à tabac, je leur fis vite comprendre que j'acceptais leur traitement et que j'en soulignais la justice. Le moins qu'on puisse dire, c'est qu'ils furent agréablement surpris. J'acquis alors le statut de "Chien-chien" de Serpentard, sans que cela ne me dérange particulièrement. J'avais abandonné depuis longtemps l'idée de fierté et je savais que j'occupais correctement la place qui m'était due. Je leur faisais leurs devoirs, je leur procurais des sucreries diverses et eux m'en apprenaient davantage sur le monde, me permettant de devenir un sorcier moyen. Sans leurs enseignements, j'aurais sans doute été bien égaré...
Certains d'entre eux me prirent sous leur aile et m'enseignèrent une philosophie de vie pour le moins intéressante : celle des Mangemorts. La suprématie des Sang-Pur, la puissance accordée aux vieilles familles...je trouvais cette logique juste, mais son application trop radicale. Au travers de nombreuses discussions, nous fîmes naître l'idée d'un "esclavage progressif" : les nés-moldus seraient au service des Sang-Pur, comme pourraient l'être des elfes de maison. Cela n'était que débats d'adolescents, mais cette idée me semblait d'une imparable logique : les faibles demeuraient à leur place de faible et les forts occupaient les plus hauts rangs et éduquaient les moins que rien.
Je n'avais aucune illusion là-dessus : j'étais l'un de ces moins que rien et je n'avais pas honte de le revendiquer. C'était un privilège de pouvoir évoluer aux côtes des véritables sorciers, m'en plaindre ou chercher à accéder à de trop hautes prétentions ne ferait que causer ma perte, dans un acte pathétique et inutile. On s'inquiéta pour moi, certains camarades d'autres maisons s'enquirent de mon état, mais je ne voyais aucune raison de m'apitoyer sur mon sort : j'étais heureux, heureux et privilégié.
J'avais quinze ans quand mon coeur battit d'un amour pur pour la première fois. Elle s'appelait Venus Flaherty et elle était la plus belle fille qu'il m'avait été donné de voir durant ma courte vie. Serpentarde jusqu'au bout des ongles, héritière d'une famille puissante, elle me considérait probablement comme un valet divertissant et je ne prétendais pas à plus haut. Cette fille...Cette fille m'obsédait. Je ne pouvais plus travailler, je ne pouvais plus réfléchir, je parvenais à peine à manger...Chacune de mes pensées était occupée par elle, par son odeur, par sa présence, par sa voix douce, par la beauté de ses mains fines et délicates...
Pianiste, elle accompagnait la chorale du Professeur Flitwick avec talent et je ne pouvais qu'admirer ses doigts graciles frappant avec force les touches de l'instrument. Je rêvais de les sentir dans mes cheveux, je rêvais qu'elle empoigne mes mèches blondes et m'embrasse avec toute la violence amoureuse dont elle aurait pu faire preuve...
J'étais envoûté. Envoûté par une fille qui savait à peine que j'existais, qui ne s'était adressé à moi que pour m'ordonner de lui rendre divers services (cirer ses chaussures, porter ses livres...), qui ne devait même pas savoir comment je m'appelais...
Oh, Venus, tu étais si noble et si belle...Personne ne pouvait te soumettre, personne ne pouvait te dresser...Je pensais que rien ne pouvait t'atteindre...Mais je me trompais.
Un jour vint où je décidais de te faire comprendre la force de l'amour qui t'était adressé. Je n'avais pas le courage de me signaler explicitement, j'écrivis donc une centaine de poèmes, tous différents, afin que tu puisses saisir que, en ce monde, quelqu'un comprenait que tu étais la plus noble des créatures, que tu méritais d'être vénérée, Ô Venus divine...
J'ai mobilisé tous les hiboux de l'école et ils sont venus à toi le lendemain matin, déposant dans la plus parfaite synchronisation mes lettres d'amour, toutes signées de la même façon : "Ton Serviteur dévoué, W.".
Tu n'as pas recueilli mes sentiments comme je l'espérais. Tu ne les as ni tolérés ni méprisés. Non. Tu as tremblé et tu as...pleuré. Pleuré en disant que celui qui avait fait cela devrait avoir honte, que tu avais peur...
J'ai cessé de t'aimer à cet instant précis. J'ai brûlé toutes les photos volées, déchiré tous mes dessins, jeté les vêtements qui portaient ton odeur, arraché les pages de mon journal où j'avais écrit ton nom et ton prénom des milliers de fois...Tu n'étais pas la Déesse que j'imaginais, ne craignant rien ni personne, dominant le monde. Tu n'étais qu'une pathétique créature, indigne de mon amour...
J'ai cessé de t'aimer, Venus. J'ai cessé d'être ton ombre et de te suivre. Je n'obéissais à tes ordres que parce qu'il me fallait conserver ma place de "chien-chien" si durement gagnée, mais, chaque fois que je voyais tes mains pianoter, chaque fois que ton regard se posait sur moi, je n'avais pour toi que le plus profond des mépris. Tu avais empli mon coeur et tu l'avais vidé dans le même temps. Je n'aimais plus.
Je pus alors me consacrer pleinement à mes cours, en particulier à ma passion, les potions. J'étais particulièrement doué dans ce domaine et même les instants où j'étais obsédé par Venus n'avaient pas suffi à faire disparaître ce talent.
Sorti de Poudlard, je rejoignis donc l'apothicaire du Chemin de Traverse, travaillant pour lui avec zèle et acharnement. C'est là que tu m'es apparu, Faustine...
Tu étais mille fois plus belle que Venus, mille fois plus brillante...Si je pensais qu'elle était une déesse, toi, tu étais la créatrice de toutes choses. Je t'ai immédiatement aimé, Faustine. J'ai quitté mon travail pour toi et je t'ai suivi partout où tu allais, dans le silence le plus total, observateur muet et ange gardien invisible. Mon appareil photo te captura des milliers de fois sans jamais ternir ta beauté, sans jamais porter atteinte à ton éclat.
Faustine...Tu ne m'appartiendras jamais car tu as commis le péché de t'offrir à un autre. Il ne te mérite pas. Personne n'est assez digne de toi. Pourtant, je me tais, j'observe, j'attends...
Je sais que tu as lu mes lettres, je sais que tu m'as aperçu, quelques fois, lorsque je n'étais pas assez discret...Je sais que tu sais, Faustine. Et pourtant, tu ne viens pas à moi...Je comprends. Tu m'es supérieure, Faustine. Tu fais partie de ces véritables sorciers et moi, je ne suis qu'un imposteur. Ombre de ton ombre, j'accepte mon fardeau.
Faustine, je t'aime...mais je ne pourrais jamais être à tes côtés...

* Nom/Pseudo : Peluche
* Age : 20 ans
* Avez-vous signé le règlement ? : Ouiiiii :D
* Comment avez-vous connu le forum ? Je le squatte depuis un moment xD
* Comment le trouvez-vous ? Awesome *_*
* Une déclaration à faire ? J'ai enfin fait un perso ouvertement maso