Il y a des êtres nés sans la moindre magie dans leurs veines qui parviennent pourtant à vivre dans le monde qui me vit naître. Si vous voulez être gentil, vous direz simplement qu'ils sont nés Moldus mais si vous vous laissez aller à livrer le fond de vos plus sombres pensées, alors vous les nommerez avec dédain sang de bourbe. Charmant, n'est-ce pas ? Je ne sais pas s'il existe d'équivalent pour les gens qui, comme moi, sont nés avec le sang le plus pur qui soit mais qui ont choisi de vivre au milieu des Moldus... Je ne pense pas... D'un autre côté rares sont ceux à savoir que ma famille au sang bleu comme l'on dit, trouve ses souches dans le monde sorcier ! Et cela m'arrange assez je dois bien le dire ! Là où je suis je râle pour les problèmes que ma baronnie et la pairie qui va avec m'apportent mais, en réalité, je n'ai pas grands motifs de me plaindre !

Je suis née à Londres même, dans une petite clinique privée réservée aux riches et aux nobles de ce pays. Mes parents, tous deux sorciers au sang pur et aux allégeances quelque peu condamnables dirais-je, avaient décidé de fuir le monde magique pour mieux venir se reconstruire dans ce monde qui était, aussi, le leur. A bien y réfléchir et près avoir longtemps étudié notre arbre généalogique, je pense que j'étais prédestinée à être ce que je suis. D'aussi loin que je puisse remonter, mes ancêtres ont toujours vécu à cheval sur ces deux mondes, errant de l'un à l'autre selon les époques et les tensions. Ma famille est un long ramassis de pleutres et de lâches qui ont toujours tenté d'éviter d'avoir à faire un choix, d'avoir à choisir son camps en retournant à intervalles réguliers leurs vestes. Peu glorieux mais, évidemment, nul ne le sait. Officiellement nous sommes des nobles des deux côtés et nous avons appris à protéger nos arrières. En suis-je fière ? Non. Est-ce que j'arrive à m'éloigner de ces sortes de traditions ancestrales ? J'ai au moins le mérite d'essayer. Quand bien même cela n'est pas évident au quotidien !

Comme tous les petits sorciers, je reçus ma lettre d'admission à Poudlard l'année de mes onze ans. Mais mes parents n'en tinrent évidemment pas compte et préfèrent m'envoyer à Beauxbâtons. Soit, de toutes façons ce n'est pas comme si j'avais seulement eu mon mot à dire n'est-ce pas ? Dans mon milieu on courbe l'échine, on sourit et on endure tout et surtout n'importe quoi en souriant et en gardant ses larmes pour soi. Trop vulgaire ! Je passais une scolarité brillante à en croire mes enseignants mais je dénotais déjà pour mon amour immodéré et un peu trop affiché des Moldus et de leur monde. Tout ce qui venait de leur univers me fascinait et je crevais littéralement d'envie de les découvrir plus avant ! Je rêvais de découvrir leur quotidien que j'imaginais tellement dur sans cette baguette qui était comme le prolongement naturel de notre bras, à nous sorciers. Je voulais comprendre l'intérêt de toutes ces inventions que notre monde dénigrait ou ignorait. J'étais avide de comprendre, de connaître...

Ce fut peut-être pour cela que, mes Aspics en poche, je décidais de ne pas suivre de cursus supérieur magique mais de m'inscrire dans une université Moldue. J'allais étudier les sciences politiques à Oxford et je me découvris brillante. Sortie major de ma promotion la vie active s'offrait à moi. Et ce fut aussi à ce moment là que mes ennuis commencèrent ! J'étais une toute jeune femme percluse d'illusions et de rêves tellement candides que j'en ris aujourd'hui. A l'époque j'étais persuadée que l'avenir du monde résidait dans la réunion du monde magique et du monde moldu. Et sans doutes est-ce pour cela que je me lançais, avec un certain succès, dans la politique. J'étais jeune, je présentais bien et m'exprimais encore mieux. Mon sang et mon nom était noble et même la famille royale semblait encourager, de loin et discrètement, ma carrière. Où sont les problèmes me direz-vous ? Parce que malgré toute ma détermination je n'en demeure pas moins une femme qui, du moins à l'époque, écoutait bien plus son cœur que sa raison ! Et cela allait me coûter très cher !

Il s'appelle Christopher et, tout comme moi, est sorcier de sang pur. Il est beau et charismatique et je tombais immédiatement sous son charme. Au point d'en oublier mes convictions profondes et d'embrasser les siennes aussi sûrement que je l'embrassais lui. Christopher, à mon inverse, était un être froid qui était fier, tellement fier, de sa nature magique ! Et il ne méprisait rien de moins que ces Moldus au milieu desquels je vivais et qui me rendaient heureuse. Pourtant je tentais de croire que notre amour nous aideraient à surmonter nos divergences. Quelle naïveté ! Nous fîmes tous deux des efforts mais … On ne peut renier longtemps sa véritable nature et, lorsque la grande bataille éclata, je dus faire un choix. Lui était Mangemort et il se montra plus qu'actif … Ce qui acheva d'avoir raison de notre couple. Je fuis. Pour ne pas nous détruire encore un peu plus l'un l'autre. Le dénoncer je ne l'aurais jamais pu. Vivre encore avec lui ? Pas plus. L'amour ? Ca craint si vous permettez de m'exprimer ainsi.

Aujourd'hui... Aujourd'hui je me suis reconstruite ou du moins j'essaye. La Magie, je l'ai abandonnée en même temps que j'ai quitté ce mari dont je ne suis d'ailleurs toujours pas divorcée. Je ne veux plus jamais en entendre parler ! Ou, du moins, j'aurais bien voulu ne plus entendre parler ! Mais voilà, on a rarement ce que l'on veut dans la vie ! Et voilà que la rumeur commence à circuler dans les deux mondes que le secret sera bientôt levé. Vraiment ? Pas moi vivante en tous cas ! Plus raisonnablement je dirais que je ferais tout, et userais et abuserais de ma position au sein de la Chambre des Lords, pour empêcher cette hérésie ! Les Moldus avec les Moldus, les sorciers dans leur petit monde surprotégé et le monde ne s'en portera que mieux, non ?

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